Alors que ce souffle auquel je tenais tant m’avait été rendu, je ressassais la suite des évènements qui m'avaient mené ici, à geindre en ce lieu de haine et d'hostilité...
Néanmoins, seuls de maigres souvenir rejaillissent des profondeurs de mon âme.
Ce jour-là, le soleil a cédé sa place à la bruine. Ainsi, un ciel nuageux nous surplombe, alors que nous nous dirigeons vers le champ de bataille. Plus nous avançons, plus les corps en décompositions deviennent nombreux. Jamais avant je n’y avait prêté tant attention. La mort m’entoure. Bientôt, elle va m’emmener. Un clairon sonne. Des chevaux hennissent. Le fracas des lances et les cris de guerres se font entendre, accentués par la charge de la cavalerie et le sifflement de leurs balles.
J’empoignai ma lance d’une main, mon tomahawk de l’autre. Mes deux armes ne me seront pas de trop. Je remercie les dieux de m’avoir épargné aux premiers coups de feu, serre sur ma poitrine mon amulette et…
Deuxième série de tirs. Le temps s’arrête. Une douleur horrible me parcours le corps, à un point tel que je suis mis à bas de ma monture, relâchant mes armes et roulant à terre parmi les cadavres encore chauds, côtoyant la mort.
Le ciel nuageux devient flou, la nuit se fait sur mon corps, les ténèbres m’envahissent. L’odeur âcre du sang s’estompe. Le bruit du combat s’affaiblit. La douleur se dissipe.
Un à un, mes sens semblent déconnectés. Le néant absolu, même ma pensée y succom…
Aujourd’hui, j’ouvre les yeux, et contemple la voûte céleste, hume l’air de vie, savoure le chant de la rivière en contrebas. Etendu dans ce petit trou de verdure, je me réveille enfin, savoure les parfums, dévore le soleil.
Je ne sais pas très bien d’où je suis revenu
Ni pourquoi nouveau souffle en ce lieu fut rendu
A feu un pauvre indien tombé à la bataille
Pourquoi, dieux, m’avez-vous permis de revenir
Au milieu de ces plaines, en ce lieu de canailles,
Peut-être ai-je de vous une épreuve à subir
Pour connaître la paix, pour sauver mon esprit
Ou simplement encore pour m’offrir une vie…