L'attente

M.I.A Shawonda a écrit:: Accroupi Shawonda regarde les osselets que la femme-serpent jette sur la peau de bison retournée sur le sol. L'air vibre du son des tamtams qui battent le rappel des braves vers la Forêt sacrée.

Les chants lancinants des autres shamans martellent les souvenirs de guerre et les incantations aux esprits des ancêtres pour poser les questions.

Depuis sa cache dans les bois, il voit les longs couteaux en bleu dans la plaine. Il sait que bientôt la tribu devrait partir durant l'hiver au bord de la grande riviere aux saumons.

Les signaux de fumées disent les choses cachées que le Grand-Tout prépare.

Ils lui apprennent aussi que les hommes du nord tentent de rejeter leurs fautes des feuilles-du-mensonge-et-des-insultes sur d'autres comme sur son frère Redneck. Il l'apprend par ses oreilles qui écoutent les blancs mais ne leur répondra plus. Il reçoit des messagers de ces derniers mais les ignore.

Il attend. Il n'y a plus rien à dire. Il n'y a qu'à attendre.

Les braves de toutes les tribus n'iront plus au Saloon pour s'enflammer face aux langues fourchues des hommes en bleu qui accusent les innocents de leurs paroles de fiel au lieu de presenter des excuses et de faire les choses simples qu'on leur demande.

Les mélopées tristes évoquant les ancêtres et leurs esprits sont montées haut dans le ciel rythmées par les tamtams du shaman.

Après avoir remercié TA,MAIN,DE,ZUE le Grand Esprit Maître de toutes Choses de nous pretter la terre sacrée à rendre a nos enfants les hommes se sont assis et ont aspiré la hache-pipe pleine d'herbe à fumer.

Nous avons réuni le Grand Conseil des Nations Huron au pied du grand arbre de l'esprit de l'aigle dans la forêt sacrée.

J'ai alors parlé de écorces-des-mensonges que les blancs fabriquent comme les feuilles de la forêt en automne pour rendre leur hommes sans doutes dans l'esprit et éteindre le feu de l'intelligence .

Les braves ont murmuré.

J'ai parlé des insultes qu'elles disait.

Bison blanc a traduit mot à mot les ecorces du mensonge à tout les braves.

Les braves ont hoché la tête et accusé le coup

J'ai parlé des terres trop petites où l'on ne peut pas chasser et où les squaws, les papooses et les enfants meurent de faim.

Les braves ont grondé

J'ai parlé des terres, des forets et de la grande riviere Yan,da,we,zue, où nos parents chassaient, pechaient et semaient sans liens de fer et traité pour les enfermer comme du betail.

Les yeux de braves ont brillé d'un éclat de liberté

J'ai parlé de la guerre et des morts, j'ai parlé de la paix enchainée
et j'ai posé les questions de la guerre et des oncles

Les braves se sont levés et ont demandé la parole

Chacun d'eux à tour de rôle a donné son opinion dans le silence martelé par le tamtam lancinant.

Les questions ont été posées TRE,ZUE ? SCAN,O,NIE ?[/i]

[i]Les palabres ont duré 3 jours.

Nous avons choisi.

La decision du Grand Conseil des Nations Hurons est consignée dans un Wampum.

Un cavalier va le porter à Thibault Two Skins Sachem, Guide de toutes les Nations.

Chant de guerre moderne proposé par Bison Blanc pour les Hurons

Cinq cents hivers

Et que me sert de dire
que tu avais raison,
Indien de ma mémoire ?

Tu parlais de la Terre,
ta mère (nourricière),
que le Blanc convoitait...

On ne croit pas au pire,
on apprend la chanson
qui sera notre Histoire :

Fandango de la guerre,
berceuse pour l'enfer
et musées pour la paix...

Comme un vol de couteaux traversant l'Atlantique,
de funèbres galions se sont plantés au Sud.
Les soldats calibrés au modèle catholique
n'ont pas su remercier l'Indien agenouillé...

Les chevaux espagnols ont imprimé la peur;
les cuirasses d'acier, la rage et les épées
ont détruit le présent et fermé l'avenir.
Depuis, le soleil a baissé un peu d'intensité...

Indien, mon frère,
cinq cents hivers
ont recouvert
tes chants sacrés.

Des rois, des reines,
des mercenaires
et des curés
t'ont crucifié.

Les clans et les tribus groupés dans les Nations
vivaient dans le respect de notre Terre nourricière.
Mais la foudre est venue, vomie par les canons;
de nouveaux conquérants ont dévoré le Nord.

De défaite en réserve, les vrais Américains
ont perdu leur espoir et refermé leur esprit.
Piétinée lentement par les Européens,
le fierté des survivants a sombré dedans la nuit.

Indien, mon frère,
cinq cents hivers
ont recouvert
tes chants sacrés.

Des rois, des reines,
des mercenaires
et des curés
t'ont crucifié.

Indien, mon frère,
cinq cents hivers...

Serge Utgé-Royo, Musique J.-I. Duchesne