L'île des Serpents Emplumés

M.I.A Shawonda a écrit:: Le vieillard indien, accroupi dans la rue dans un recoin, conta aux jeunes visages pales le vieux conte Huron d'avant la création du monde des hommes.

L'Île des Serpents Emplumés

Au début, il y avait l'eau, elle était bien bonne.
La race des hommes n'existait pas.
Le monde d'eau et d'île voyageait dans le vide sur le dos de la Tortue géante Kanyahte'ka'nowa

Le monde était recouvert d'eau avec seulement, une grande île rectangulaire en équilibre instable sur le dos de la Tortue Géante. Sur cette île vivaient les lézards aux reflets ciel pur et métallique. Il y avait aussi les iguanes qui brillaient d'argent orageux

Ils se faisaient une guerre impitoyable, se dévoraient les uns les autres.
Se battaient à qui mieux mieux. La bataille faisait râge, les nids étaient sauvés ou détruits, les discussions s'enflammaient pour un oui ou pour un non. Beaucoup de jus d'astoct qui rend fou était ingurgité.

Il y avait les Iguanes Francs Mordeurs-au-sale-caractere-qui-n'obeïssent à-personne qui se battaient contre les Lezards-qui-ne-se-font-pas voir-quand ils-se-déplacent, Les Iguanes Morts en Sursis contre les Lezards-qui-ont-la-plus-grosse-queue-et-le-meilleur-chef-qui-ne-recule-jamais, les Iguanes-rusés-qui-racontent-des-bobards pour embobinner les lezards qui en gobaient beaucoup, les Lezards-d'eau-qui-n'étaient-pas-nés-sur-cette-terre et plein d'autres encore comme ceux de l'Escouade de Pierre contre les Iguanes du 1er Caillou bien Chaud, les Lézards de l'Equipe-au-bec-dur. Tous avaient des lois, beaucoup n'y obeïssaient pas et les Patrouilles hurlantes des vigiles du respect rigide des lois les surveillaient de leur beau regard.

Ils se faisaint une guerre: Lezards vs Iguanes

Tout ça parce qu'ils n'etaient pas d'accord sur la maniere de couver leurs oeufs

Les Lezards prétendaient, qu'un vrai reptile qui se respecte, suit les droits et devoirs des lezards gravés dans les Commandements de la Pierre Reçue et couve ses oeufs par le gros bout.
Les iguanes parlaient tout le temps d'honneur en haussant le museau et pour rien au monde n'auraient changé leur douce manière de voir et de vivre: un oeuf se couve par le petit bout disaient-ils.

Certains osaient à peine dire que tout ceci n'était que pretexte et qu'il fallait se battre car telle était leur destinée. Mais peu les croyaient. Qui serait assez stupide pour battre à mort sans raison ou pour un pretexte futile?

Il y avait aussi les Caïmans qui se foutaient bien du couvage des oeufs tant qu'ils pouvaient bouffer ceux des autres au fond de leur nid planqué dans l'abime d'un marais et offraient leurs services pour mieux croquer à tour de rôle les Iguanes ou les Lezards assez naifs pour les croire.

Puis un jour, pas comme les autres, les Serpents à Plumes Queltzalgroun , Grands Dieux omnipotents de la virtualité refirent dans leur immense bonté apparaître une ancienne race,venue du fond des âges, maîtresse en son temps de cette île mais race faible et peu nombreuse au début. Elle grandit en force et en caractère, celle des
caméléons à plumes, des reptiles, coureurs rapides changeant de couleurs et qui se camouflent dans les arbres et les prairies à longues herbes.

Ces Caméléons ne couvaient pas leurs oeufs car ils etaient vivipares.

Qui allait se battre contre qui et pourquoi?

"Pour notre Île sacrée" dire les Caméléons qui déclarerent sans autre forme de procès ou de discussion possible que l'Ile était leur.

L'ennemi designé des Lezards etaient les Iguanes et ces derniers détestaient les Lezards. Les Dieux et l'histoire à peu près racontée sur des vagues souvenirs et plus ou moins vraie l'avaient fixée ainsi.

Les deux camps de reptiles haineux ne savaient pas comment faire pour attirer l'attention des Caméléons à plumes qu'ils auraient bien aimé entrainer dans une guerre sur le couvage des oeufs ces reptiles qui ne couvaient pas.

Un groupe de Caméléons emplumés-plus-que-les-autres qui étaient les chefs se rassemblerent, parlerent longuement, discuterent, encore et encore et toujours afin de préparer la manière d'attaquer et de mieux mordre. En fait, ils se mordaient la queue tout en sifflant. Chose très douloureuse comme chacun sait de se mordre la langue quand on siffle tout en attrapant les mouches.

Ils n'avaient pas d'ennemi désigné par les Dieux et avaient du mal à se mettre d'accord pour n'en trouver qu'un. Les Lezards en premiers disaient les uns, les autres haussaient la tête pour dire qu'ils preferaient attaquer les Iguanes. Enervés, ils se traitaient multuellement d'Iguanes déguisés ou de Lezards travestis.
Les Caméléons-sans-chefs-adeptes-du-Chaos, attaquaient tous les reptiles en révant de se faire un caïman, et surtout, ils ne parlaient pas avec les autres. Ils s'en foutaient bien des autres.
Quand aux Caméléons de l'Ordre-Nouveau, ils disaient, "faisons des lois pour y obeïr" et après nous choisirons. Les caméléons en Hordes autonomes, jaloux de l'être et de le rester ne voulaient pas des lois de l'Ordre Nouveau au bénéfice de ceux qui dictent les lois mais voulaient choisir sans plus discuterun ennemi commun.

Les Caméléons d'en bas, ceux qui attendent patiemment les décisions des caméléons à plumes se disaient que les Serpents à Plumes Queltzalgroun, grands Dieux de la virtualité auraient du leur faire cadeau d'un ennemi pour qu'ils n'aient pas à choisir.

Le vieillard indien marqua une pause dans le conte, but une rasade d'eau dans son outre avant de poursuivre il regarda les enfants autour de lui

M.I.A Shawonda a écrit:: Le vieillard au visage autant parcheminé que celui des reptiles de son conte but de longues rasades dans la gourde en cuir avant de songer à poursuivre, le regard porté vers le lointain. Ses yeux brillaient et les enfants croyaient y entrevoir des reptiles colorés en train de se battre.

Les Pretres de l'Eveil Agitateur du Bien étaient 9 reptiles: 3 lezards, 3 Iguanes, 3 Caméléons. Ils devaient discuter souvent en dehors des combats à l'abri de leur Temple d'écailles totalement inaccessible au commun de toute la reptile-attitude à propos des sacrifices. Pour que la Tortue Géante Kanyahte'ka'nowa ait sa salade cosmique et qu'elle continue d'avancer dans la matrice.

C'étaient des très sages parmi les sages, au sang froid et glacé, qui jamais ne s'échauffaient devant les mots plus hauts que les autres et les brusques hausses de tensions de l'atmosphère.

Quelle importance la couvaison des oeufs quand on est pretre de l'Eveil Agitateur en contact direct avec les Serpents à Plumes Queltzalgroun, Grands dieux de la Virtualité?

Lors de leurs discussions posées et intelligentes, ils décidaient de presque de tout en allant à l'essentiel. Certains partaient dans la matrice de l'oubli, d'autre arrivaient le front courbé par tant de responsabilités et de travail à devoir prier les Dieux Tout Puissants, leur faire des sacrifices, brûler du bois de Copal, s'enduire le front d'huile de crabe ou de foie de morue, se fendre la langue ou le pénis avec une épine de Cactus.

Devenir Pretre de l'Eveil Agitateur transformait les plus farouches et valeureux combattants reptiles aux dents et griffes accérées en médiateurs chevronnés capables de réconcilier dans le calme une araignée géante des cimes amoureuse avec un lombric vénéneux des cavernes.

Un beau jour, ils déciderent de changer d'île, de faire couler sous les flots abyssaux l'ancienne et d'en avoir une nouvelle. La Tortue Géante à leur ordre plongea dans les abysses du grand bleu ZéroUn et resurgit avec une autre Île toute neuve et inconnue sur le dos.

Tout les reptiles se reveillerent le lendemain, sur cette terre neuve rectangulaire, penchés à l'avant de ce monde nouveau, dans un ciel ignoré ou brillaient du fond de l'horizon des étoiles nouvelles.

La guerre reprit de plus belle...

M.I.A Shawonda a écrit:: Le conteur, après avoir passé la langue sur ses levres seches et minces poursuivit, l'air détaché mais malin, ses yeux legerement bridés et malicieux

La guerre décimait les Iguanes, les Caméléons et les Lezards mais dans leur sagesse les Serpents à Plumes Queltzalgroun, Dieux omnipotents de la virtualité provoquaient leurs renaissances, aussitôt morts aussitôt éclots dans un autre nid.

C'etait un massacre sans fin car les combattants renaissaient aussi forts qu'avant et leur courage n'avait même pas besoin d'être mis à l'epreuve puisque leur mort en direction d'un Grand Tout de L'oubli n'etait pas definitive. Ils en profitaient.

Tout ceci aurait été formidable et réglé au quart d'écaille si une injustice flagrante ne révoltait les esprits des Caméléons.

Les Iguanes et les Lezards n'avait aucun doute sur l'identité de leurs ennemis à haïr et à abattre comme tout bon ennemi.

Les Caméléons, non. "Nous devons choisir, eux non !" se plaignaient-ils et comme chacun le sait, choisir c'est aussi renoncer. Un reptile ne sait pas renoncer et encore moins choisir.

Les Caméléons les plus emplumés discutaient et discutaient pour savoir comment discuter et decider à tel point qu'ils semblaient vouloir attraper des mouches pour leur faire une injection séminale dans les entrailles.
Les partisans de l'Ordre Nouveau voulaient unifier les Caméléons sous des lois qu'ils auraient pas choisies. Les Adorateurs du Chaos, ne révaient que de désordre; chacun sa crotte. Les Groupes autonomes voulaient leur indépendance. Difficile de faire s'entendre tout ce bas monde écailleux et emplumé.

Ils avaient vraiment du mal à se mettre d'accord et en arrivaient à se haïr même entre eux par des jets de venin billeux. Ce qui faisait aussi l'affaire des Iguanes et des Lezards. Un futur ami divisé est bien moins dangereux qu'un ennemi uni qui s'ignore.

Un des Caméléons, un peu plus fou ou sage que les autres, un illuminé travaillé par ce problème et bien d'autres encore, comme les lois que voulaient imposer les Caméléons de l'Ordre Nouveau avait déclaré en public que ceci n'etait qu'un jeu inventé par les Dieux Omnipotents.

Ce fut le tollé général, il eut tellement de problèmes avec cette déclaration sacrilége que le peuple des Caméléons demanda qu'il soit écaillé vif.

Avant d'aller au supplice il posa la question suivante aux Pretres de l'Eveil Agitateur:

M.I.A Shawonda a écrit:: L'indien aimait voir les auditeurs retenir leur respiration dans l'attente d'une suite à ce récit antique venu du fond des âges.

Après avoir monté les gradins du Temple Pyramidal de l'Ecaille Levée, sous les quolibets, les sifflements de serpents, et les jets de mues, de queues de lezards, de crottes d'Iguanes, le vieux "sage à moitié fou", à moins qu'il ne soit "fou à moitié sage" s'arreta devant la pierre sacrificielle où il devait être écaillé avec un couteau en pierre obsidienne taillée..

Là, il devait être écaillé vif avant de renaître. Dure et sauvage punition.

Il leva les bras au ciel et demanda aux neufs pretres du Reveil Agitateur le droit de poser une question....

Il attendit 9 semaines, 9 jours, 9 heures, 9 minutes et 9 secondes avant que le prêtre, tellement oint d'huile de foi de morue et de phoque qu'il en puait, ouvre sur lui un oeil à la pupille viperine et lui réponde "oui, pose ta question et nous en discuterons entre nous les sages dans le Saint des Saint du Temple à la Gloire immortelle des Serpents Emplumés Queltzalgroun car telle est la procédure qui durera le temps qu'il faut pour peser le pour et le contre et te donner une réponse mesurée au quart d'écaille, et puis ne soit pas pressé, on a pas que cela à faire"

C'etait une bonne tactique du vieux fou pour retarder l'écaillage. Le public caméléonesque se lassait. Tout le monde était parti au combat, làs d'attendre et pressé par l'envie de la gloire. Pendant ce temps les Caméléons les plus emplumés qui discutaient, l'ennemi aux portes, sur le sexe des mouches à aîles blanches et la meilleure manière de les insiminer après les avoir attrapées d'un tir visqueux avec la langue .

"Parle" lui dit le prêtre en s'arrachant les écailles de la tête une à une et en les goutant. Le shampoing anti-chute d'écailles n'avait pas été inventé.

Voici ma question répondit le Vieux "fou à moitié sage"

"Imaginons..

Les Chefs de Tous les Lezards à Responsabilité Limitée qui decident, parce qu'ils commandent à tous les lezards, de faire la paix avec les Caméléons dans un traité signé sur l'honneur de l'Oeuf à Gros Bout du Big Plok primordial, celui de l'Oeuf Pourri Initial qui, aux origines, éclata parce qu'il faisait trop chaud.

Imaginons que le chefs des Lezards-qui-mordent-dans le-tas, groupe très futé, par ailleur, décide de désobeïr à ses chefs, ceux qui dirigent tous les Lezards.

Ils veulent lui et ses troupes attaquer quoiqu'il arrive les Caméléons.

Imaginons qu'il contacte le Grand chef des Iguanes pour contracter une alliance.
Imaginons qu'ils decident tous les deux d'attaquer les Caméléons.
Nous aurions si je comprend bien, des lézards attaquant des Caméléons censés être leurs alliés avec l'aide d'Iguanes censés être leurs Ennemis.

Que diraient alors les Pretres de l'Eveil Agitateur du bouleversement des coutumes de l'évidence de Lezard Vs Iguane?

Un tel bouleversement serait-il autorisé?

S'il n'y a pas de loi et decrets venant des Serpents à Plumes Queltzalgroun, Dieux omnipotents de la virtualité qui précisent l'ennemi des Caméléons, pourquoi ne pas autoriser l'inverse? Que les Lezards ne soient pas obligatoirement les ennemis des Iguanes?"

L'oeil du Pretre se fendit encore plus de surprise. ...hum, slllllp

"Tu es vraiment aussi fou que sage car les reptiles s'accrochent à leur habitudes et à leurs croyances comme les lianes grimpantes aux arbres. Ils ne peuvent vivre et mourrir sans elles mais pour être ainsi l'esprit sans barriere tu es gracié."

Quelle fut leur réponse...? le saurons nous un jour?

M.I.A Shawonda a écrit:: Le vieil indien pensait à la suite de l'histoire. Devait-il l'évoquer?

Le Pretre de l'Eveil Agitateur fut perturbé par cette vision de son monde de certitudes confortables, tremblant sur ses assises, qui lui avait fait entrevoir en quoi la situation des Caméléons pouvait être plaisante de liberté de choix, car exotique, mais pleine d'insécurité dans son manque de réponse durable.

Il savait que d'autres questions en découlaient telles les cascades des Mont très hauts à katpéemme.

Si les Lezards ou les Iguanes ne pouvaient admettre l'idée d'une désobeïssance de leurs propres hordes et encore moins l'alliance avec l'ennemi juré pour se battre contre un possible ami, alors pourquoi trouvaient - ils normal qu'une Horde farouche de Caméléons désobeïsse aux Caméléons les plus emplumés chefs de tous les Caméléons, en attaquant l'ami officiel du moment des Caméléons, tout en s'alliant avec l'ennemi officiel du moment?

C'était à se mordre la queue en sautant à pieds joints....

M.I.A Shawonda a écrit:: Le vieillard écouta la Tunique Bleu lui poser une question sur "l'equilibre" puis fouilla dans ses souvenirs.

Un des passages que conte cette histoire antique monte l'acharnement de crocodile à cuir épais que déployaient les Pretres de l'Eveil Agitateur pour maintenir l'équilibre de l'Île plate posée sur le dos bombé de la Tortue.

Leurs fonctions de prétres faisaient d'eux les Gardiens de l'Equilibre Sacré.

Si le monde plat de l'ïle rectangulaire n'avait pas été en équilibre sur le dos bombé de la Tortue, il aurait basculé dans l'Océan Zéroun, entrainant la tortue cosmique à sa suite, faisant deborder l'océan sur les astres des cieux et provoquant la fin du monde et des étoiles.

Inpensable !

Comme chacun sait une situation d'équilibre c'est une situation où la somme des forces est égale à zéro et ou rien ne change. Comme un dormeur dans son hamac. Les Pretres influaient du souffle puissant de leurs esprits de continuels changements en priant les Serpents à Plumes Queltzalgroun de faire ceci ou cela quand ces derniers étaient disposés à le faire.

Un Serpent à PlumeQueltzalgroun a aussi le droit d'avoir ses oeufs divins à couver et une vie divine indépendante de celle de l'île rectangulaire. Vie divine dont on ne peut même pas imaginer la félicité.

Tout changement devant lui même être équilibré et proposé de manière équilibrée, les Pretres en venaient à trembler de peur pour leur propre équilibre. Une discussion enflammée et voilà l'équilibre du ronron quotidien reptilien menacé.

Si bien que certains d'entre-eux avaient trouvé une solution, ils pointaient du doigt les "menaceurs de l'équilibre par leur propos" qui étaient soudain ostracisés et mis au ban de la bonne société ronronnante des reptiles.

Tout changement proposé avec des paroles de déséquibre par les Caméléons, les Iguanes ou les Lezards qui n'étaient pas pretres obligeait les pretres à courir à toute vitesse aux quatre coins de l'île réctangulaire à l'endroit où le coin commencait à se lever puis ils tentaient peser de toutes leurs forces en sautant à pieds joints pour empecher le basculement de l'île. Ils évitaient aussi la bascule de l'ïle en faisant des prieres et des sacrifices d'Avatars aux Serpents à Plumes, dieux omnipotents de la Virtualité. . On aurait dit qu'ils s'en amusaient.

Les dents des reptiles étaient avec leur queue et leurs griffes leur principal moyen de faire la guerre entre eux. Les Pretres de l'Eveil Agitateur passaient leur temps à compter le nombre des dents que devaient avoir des reptiles de chaque race et se poser des questions sur les canines, les molaires, les incisives, si elles devaient repousser ou non comme celles des requins ou bien tomber à jamais. Ils estimaient les dégats des morsures sur les écailles et leurs influences sur la digestion des reptiles.
Les écailles protectrices étaient souvent à l'ordre du jour des discussions entre pretres comme la vue perçante, le nombre de bonds et tout un tas de détails dont on a vraiment pas le souvenir tellement ils sont complexes.

Tout était remis en question sans arrêt.

Comme l'équilibre en dépendait et qu'en plus les reptiles de chacune des races voulaient un jour gagner la guerre pour enfin s'occuper de leurs oeufs en paix il semblait à quelques uns que la victoire était incompatible avec l'équilibre sacré à moins que, comme les plus fous le suggeraient en cachette, la guerre continuerait indefiniment tant que les Serpents à Plumes Queltzalgroun le voudraient bien, et même après qu'elle fut gagnée, tout serait, selon leur bon plaisir remis à nouveau en question.

La disparition de la premiere île sacrée avait été décidée par les Pretres pour une question d'équilibre primordial selon eux. L'équilibre sacré avait été maintenu par le vide ou remise à zéro. Les reptiles s'étaient réveillés harmonieusement répartis sur la nouvelle terre avec un minimum de dents dans la bouche, les écailles poncées et limées et une impression de vacuité car ils avaient subi une cure d'amaigrissement et n'avaient plus ce gras protecteur de l'experience ancienne accumulé autour des reins et des hanches qui caracterise les plus vieux.

Ils s'empresserent d'aller vers les succursales des temples pour y déposer des offrandes de salade destinées à complaire à la tortue géante, clamer leur adoration envers les Serpents à Plume Queltzalgroun, leurs Dieux, leur respect des Pretres de l'Eveil Agitateurs gardiens de l'Equilibre Sacré même si certains des reptiles avaient un drôle de sentiment en tête et une amertume au fond de la bouche. A tord ou à raison, ils s'étaient senti bernés.

Couler l'île pour maintenir l'équilibre et empecher une victoire ou une défaite de peur que l'équilibre sacré soit mis en péril de mort plus ou moins justement selon qui en était le benificiaire ou la victime et tout recommencer, voilà la solution choisie.

Tout était en déséquilibre, les paroles, les actes même des pretres et il fallait passer par l'oubli hypnotique procuré par le plongeon dans Zeroun afin de repartir en d'autres lieux sur de bonnes bases...branlantes.

M.I.A Shawonda a écrit:: Impassible, le visage devenu impénétrable face aux quelques adultes qui restaient à proximité pour l'écouter, le vieillard concentra son energie de conteur en direction des enfants. Ce n'etait pas du dédain envers les adultes blancs mais simplement le désir de finir l'histoire pour ceux qu'il l'avait commencée. Il fit un signe pour dire qu'il répondrait après aux questions des adultes.

Les Serpents à PlumesQueltzalgroun , Grands Dieux de la virtualité étaient les créateurs de cet univers. Les Pretres de l'Eveil Agitateur étaient pour ces dieux les Artisans du Monde. Ceux qui maintenaient l'equilibre dans le perpétuel mouvement, sorte de subtil déséquilibre dynamique contrôlé. Les Serpents à Plumes leur avaient confié les tâches d'intermédiaires chargé des besognes de demi-dieux: Les Artisans du Monde.

Entretenir la guerre "fleurie", la guerre organisée et codifiée vers laquelle les futurs sacrifiés à une mort certaine à plus ou moins longue échéance se dirigeaient la joie au coeur pour le maintien des flots de sang qui nourrissaient le mouvement des astres du cosmos était comptée parmi ces besognes à accomplir.

Une autre des tâches sacrées nécessaires à l'equilibre etait la recherche des avatars. Les avatars étaient les reptiles multiples nés d'un seul oeuf ou d'une même éclosion. On savait qu'en général ces oeufs multiples étaient des oeufs où l'influence maligne du Dieu du mal, j'ai nommé l'infame et horrible Maïssetrensgénik, se faisait le plus sentir.

Sur l'Île des Serpents Emplumés, les oeufs ou les naissances multiples étaient les signes démoniaques du mal mille fois dénoncés. Les reptiles nés de ces oeufs n'étaient que l'oeuvre de l'influence du Démon sur des esprits faibles et influençables connus sous le nom d'avatars.

Sur l'Île des Serpents Emplumés, un oeuf donne un reptile était la rêgle. Les Oeufs multigermes étaient symbole du Mal à cauteriser par le feu et les buchers.

Les avatars étaient chassés sans pitié par les Pretres de l'Eveil Agitateur. Nul reptile n'était à l'abri de leurs suspicions et de leurs investigations qui remontaient jusqu'à la coquille vide de leur éclosion ou de leur naissance.

C'était la chasse inquisitorialle quotidienne à l'heresie des oeufs multigermes. Ceux suspectés d'être des cryptomultigermes, des avatars cachés ou simplement de connaître par les rêves un avatar convaincu étaient maudits jusqu'à la vingt cinq millieme reincarnation sans l'once d'aucun espoir possible de redemption sociale ou de pardon par les dieux Queltzalgroun quelque fusse l'immense bonté de leur comportement futur.

Leur race et leur descendance était maudite à jamais et pourchassée sans pitié. Au moindre doute un roc pesant et sonore était enchainé à leur queue et ils le traineraient jusqu'à la fin de l'eternité bruyamment à leur suite. Plus personne ne leur parlait. Leur nom vingt cinq mille fois damné était graphé en pétroglyphes mystérieux et zoomorphes sur les murailles cyclopéennes du Grand Temple où seul les Pretres avaient acces.

Quelquefois les Pretres agissaient trop vite et promptement en sacrifiant le corps des avatars dans le Grand Tout du Grand Esprit ou ceux qui étaient considérés comme tels. Ce sacrifice sanglant puis cette évaporation au crachat enflammé était souvent nécessaire mais si le Pretre s'était trompé, avait agi par précipitation, ou fait disparaitre les avatars à un moment jugé inopportun, comme par exemple une grande bataille dans laquelle auraient disparus des milliers d'avatars qui défendaient un nid, la haine eternelle et farouche qui en résultait devenait pire que le mal censé avoir été supprimé. L'évaporation litigieuse qui en résultait, provoquant par contrecoup l'apparition de nouveaux avatars vengeurs mille fois pires et terribles que les précédents.

C'était des éclosions spontanées et multiples de reptiles haineux, hargneux, voués à la perte de l'île et de ces pretres mais surtout des races auxquels ils n'appartenait pas.

En conclusion les Pretres dans leur chasse à l'avatar devaient être très justes, circonspects, sûrs d'eux et au dessus de tout soupçon. Chacun sait que la perfection n'existe pas chez les reptiles.

Les sacrifices de ces reptiles par évaporation de leur corps après avoir fait couler leur sang par écaillage à l'Obsidienne sur la Grande Pyramide du Grand Temple de l'Ecaillé contribuaient à maintenir le mécanisme du mouvement perpetuellement en péril du Cosmos.

Il est dit que lors de l'inauguration de la Grande Pyrammide, quinze mille quatre cente cinq avatars furent sacrifiés, leur poitrine transpercée et leur coeur arraché puis jeté dans les bouches de pierre en feu des Totems des Dieux affamés Tezlakesequivâpa.

Depuis ces temps anciens, une épaisse couche de sang reptilien couvrait la Grande Pyramide à degrés, dégageant l'odeur sublime de la normalisation antimultigerme en décompostion avec quelques legers et subtils relents d'injustice.

Un nez bien bouché apportait l'oubli de ces quelques injustices.

Maïssetrensgénik, le dieu du mal avait frappé.

M.I.A Shawonda a écrit:: La nuit commençait à tomber et les enfants finissaient par s'eclipser à regret, appelés par leurs parents. Le vieillard d'un geste de la main leur fit au revoir et plongea en lui en appelant les souvenirs de l'ïle des Serpents Emplumés.

a voix basse, une mélopée syncopée et monotone s'éleva vers les Dieux venue du tréfond de son être.

Elle disait :

"Et si... la réalité présente depassait ces souvenirs antédiluviens?

Et si tout ceci était vrai?

Et si tout ceci n'était qu'un rêve à venir?

Et si les Serpents à Plume lassés de la guerre faisaient disparaitre ce monde?

Et s'ils fuyaient chassés par la sorciere qui les fera boire?

Et si...

M.I.A Shawonda a écrit:: Kanyahte'ka'nowa la tortue occupe une place très importante dans la mythologie des indiens : elle supporte la terre sur son dos ce qui explique sans doute la lenteur de sa marche.

D'où se dégage, une certaine sagesse liée à sa longévité, son aspect frippé et ancien. La tortue, dont la vulnérabilité n'est pas sans rappeler celle de l'homme face au monde environnant, est protégée par sa carapace, par le monde. Or, cette protection se veut réciproque puisque l'homme se doit en retour de prêter attention à la nature qui l'entoure et qui assure sa survie en lui fournissant l'air, la nourriture, l'abri... le mode de vie indien illustre bien cet idéal de cohabitation harmonieuse

M.I.A Shawonda a écrit:: Les enfants qui avaient pu s'echapper de l'emprise sécurisante de leurs parents en se sauvant qui par la fenêtre, qui par une porte donnant sur une arriere cours, qui par la terrasse vinrent retrouver le vieillard assoupi contre le mur en planches vermoulues frappées par les grains de poussiere soulevées par le vent de sable qui commençait à souffler dans les rues.

"Old Redman, parle nous encore de l'ïle des Serpents Emplumés et de ce fameux passage où les reptiles et leurs pretres font la danse de la "vraie vie" dans la réve partie du plateau du Lerzarque."

Le vieil homme à la peau rouge n'aimait pas parler de la fête du "rêve de la vie reelle" mais il décida de faire plaisir à ces enfants qui lui rendaient une certaine affection.

Les reptiles décidaient à des dates fixées longtemps à l'avance de faire une fête du rêve de " la Vie Réelle" en consultant des oracles et l'avis des Prêtres Astrologues qui calculaient longuement dans leur tables sculptées des mouvements des planetes les périodes astrales favorables aux rencontres avec les Dieux Serpents à Plumes Queltzalgroun.

Ils étaient persuadés de pouvoir se réunir tous ensemble par un rêve commun. Aux dates fixées depuis longtemps comme étant la fête du rêve ou reve partie "Dans la Vraie Vie", ils buvaient dans des lieux proches de leurs nids, des bocaux et des citrouilles pleines d'un breuvage fabriqué par celles de leurs femelles dotées de molaires puissantes et de salive abondante. Ce breuvage était fabriqué par ces reptiles femelles qui mastiquaient de longues heures et réduisaient en bouillie liquide des asticots de fruits et de champignons hallucinogenes et le recrachaient dans une immense cuve de bois à fermentation. La salive et la bouillie une fois fermentées au bout de neuf jours donnaient un alcool pétillant, puissant et fortement hallucinatoire. L'alcool à reve etait disponible pour tous dans lde grandes cuves en bois où il était puisé par de bocaux et des citrouilles creuses.

Là, dans un lieu désigné en rêve ils se réunissaient entre reptiles quelque soient leurs races et ils conversaient avec les Serpents à Plumes Queltzalgroun, Dieux Omnipotents de la Virtualité et les Pretres de l'Eveil Agitateur.

Une grande fête solemnelle que de pouvoir enfin rencontrer même en rêve, les Serpents à Plumes tout en buvant des citrouilles et des bocaux pleins de jus d'actoc jusqu'à ce que leur ventre en soit hypergonflé, le liquide débordant de la commisure des lévres, l'esprit embrumé et voilé par les hallucinations et les chants sacrés. Ils mangeaient aussi sans faim durant les 9 jours et nuits des insectes grillés, des vers en sauces, des sauterelles frites, des peaux de batraciens farcies, des mollusques faisandés, des trompes de papillon confites, des ailes de libellules géantes roties et pleins d'autres mets étranges qu'ils jugeaient sublimement delicieux.

Une fois le niveau du trop plein atteint, entre nourriture et chaque bocal supplémentaire de boisson ingurgitée provoquait les vomissements d'une quantité égale de liquide et de mangeailles. En dépit de ces exces la fête et la beuverie entre coupée de chants sacrileges et de discussions continuait 9 jours d'affilée sans s'arreter.

Une rigole creusée à même la salle et passant au milieu des tables évacuait les flots de liquide rejetés par la bouche ou l'appareil urinaire serpentiforme tandis que les bocaux et les citrouilles faisaient une ronde sans fin entre les geules avides jamais rassasiées et les cuves de bois.

Ces discussions, ces rires, ces chants et même les abus des ripailles et beuveries étaient le bon coté de ces "rêves" parties sur le plateau du Lerzarque où tous le monde s'amusait bien.

Le mauvais coté, c'est que certains de ceux qui arrivaient à se rencontrer dans ce rêve, ne pouvaient s'empecher de vomir et de baver sur l'image de cire jetée dans la rigole des uns ou des autres pris pour cible, de deverser leurs commerages avec le vomis et leurs biles ameres ou acides sur l'éfigie plantée dans la rigole de tel reptile ou tel autre, s'acharnant par la magie noire à ruiner et dissoudre dans les liquides digestifs les réputations, visant par les crachats à en construire de mauvaises, deversant à flot mastiqués les médisances de jalousies féroces basées sur des luttes de pouvoir et les enjeux qui en résultaient ou de simples vengeances personnelles inassouvies par d'autres moyens parce que résultant d'êtres impuissants et faibles. Il est si facile de vomir sur des statuettes de cires représentant des êtres qui ne sont pas là pour se défendre. Tout est possible quand on est entre alcoliques sans retenue qui s'estiment assez eux même pour penser être capables de reflexion et s'arrogent le droit de juger les autres.

Les Totems en cire étaient érigés et sur leur cimes étaient plantées les effigies en cire des têtes des reptiles devenus les reptiles à "abattre" les jours prochains.

De retour de ces "rêves parties" les lézards portaient un regard nouveau sur leur environnement.

Ces lézards "mis à l'index" de la vindicte vomitive de certains des saoulards ....en général, s'en foutaient largement.

Finalement on ne sait pas si ces rêves "Dans la Vraie vie" ne prenaient pas le pas sur le vrai combat se déroulant sur leur île. Les amitiés contre nature en découlaient quelquefois préparant des marchandages souterrains ou des traitrises inattendues.